La responsabilité du temps
Avoir des enfants, c’est aussi avoir une conception du temps extrêmement différente. C’est comprendre que l’essentiel du travail que je peux faire doit être fait entre 9h30 et 16h30, lorsque Laurent est à la garderie. Je me répète, mais c’est fondamental, et ça me pousse à comprendre que le temps change, littéralement.
C’est maintenant que je réalise vraiment que j’ai la responsabilité de mon temps. Le salarié typique peut se dire que son employeur l’oblige à être à son travail de 8h30 à 16h30. Après, c’est terminé, il peut passer à autre chose, il peut penser à autre chose. Pour l’étudiant — et le travailleur autonome/pigiste probablement aussi —, si une journée ne fonctionne pas, le travail n’avance pas. C’est le seul responsable de son temps et du résultat qui en émerge.
De la même manière, le temps que je passe avec Laurent n’est pas fixé par mon travail: c’est Marie et moi qui avons décidé d’envoyer notre fils à la garderie à temps plein et qui décidons à tous les jours de l’heure à laquelle on va le porter et le chercher. Si avec les grands pouvoirs, viennent les grandes responsabilités, avec les grandes responsabilités, viennent les grandes culpabilités.
Ça fait environ six mois que Laurent est à la garderie à temps plein, et j’avoue que j’ai encore un petit pincement au coeur à chaque fois que je vais le porter. Pour quelques secondes. Juste assez pour que je sache que c’est un choix à assumer. Mais assumer ne veut pas dire qu’on n’a pas pesé les pour et les contre. Je n’ai jamais eu de vrai « retour au travail » derrière lequel cacher cette culpabilité du choix que j’ai fait.
À essayer de planifier une activité avec un de mes amis, j’ai réalisé que, dans les deux derniers mois, je n’avais fait qu’une seule activité sans Laurent. Le temps avec les amis (sans enfants) en écope aussi. Ça me rassure de savoir que ça, je l’assume sans culpabilité.
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