La récupération et le manque d’énergie
J’essaie d’écrire ces temps-ci mais j’ai plusieurs échéanciers. J’essaie de garder l’énergie qui me reste à récupérer de nouvelles énergies. C’est un peu ce qui me motive à écrire ce court texte.
Dans le duo étude-famille, chacun de ces deux aspects est extrêmement exigeant. Je me suis cependant rendu compte que les modalités de chacun des deux entraînent une manière différente de gérer la diminution de l’énergie à y investir. Il me semble que la différence entre les deux n’est pas tant dans les moments d’intensité, mais au contraire, dans les moments où on manque d’énergie.
Le travail nécessaire aux études — en particulier en rédaction de thèse ou de mémoire — implique souvent un grand investissement. Pour en venir à pouvoir écrire un long texte fonctionnel, structuré, lisible, etc., il faut y mettre du temps et des efforts. Il y a de nombreux moments où on perd de la motivation, de l’énergie voire de l’intérêt, tout simplement. À ces moments, règle générale, on est assez démotivés pour chercher à faire autre chose, que ce soit aussi utile que de se trouver d’autres projets ou aussi futile que de naviguer sur Facebook. Reste que, dans les faits, la thèse n’est pas un bateau qui avancerait sans nous pour y être à la barre.
Tout le contraire évidemment de la famille. Manquer d’énergie, de motivation ou d’intérêt pour la famille, non seulement ça arrive, mais ça n’empêche pas que les choses doivent être faites. Dans les premiers jours après la naissance de Laurent, j’expliquais ce sentiment par une analogie avec StarCraft.
Comme tout jeu de stratégie en temps réel, StarCraft implique de la gestion du temps. Alan Feng distinguait trois types d’actions selon leur rapport au temps dans son analyse du jeu. Notez comme ces actions sont comparables au sentiment d’un (nouveau) parent qui doit gérer son temps.
- Les actions incompressibles sont celles qui ne peuvent être remises sans un impact direct sur le résultat final. Lorsque notre bébé pleure, on doit évidemment répondre assez immédiatement. Lorsque notre enfant se blesse ou est en crise, il est difficile de faire autre chose que d’arrêter tout et de tenter de comprendre ce qui se passe.
- Les actions compressibles sont celles qui doivent être faites, mais sans que ce moment soit nécessairement prédéterminé. Si on a une action incompressible à faire, on remettra à plus tard l’action compressible en cours. Le lavage, la vaisselle, le ménage et les repas en sont de bons exemples.
- Les actions extraordinaires sont celles qui n’ont pas de lien particulier au temps, qui n’ont souvent tout simplement pas à être faites. Elles sont presque superflues ou, du moins, ne demandent pas un moment précis. Entre ici les loisirs en général… et, pour un moment du moins, à peu près tout ce qui n’a pas de lien précis avec la parentalité.
Ce sentiment de compression du temps à mon avis explique bien la distinction entre ces deux sphères de la vie. Être épuisé parce que Laurent était malade, ne voulait pas dormir ou découvre tranquillement qu’il peut pousser un « non » jusqu’à la crise, c’est un épuisement dont la récupération ne peut pas se faire n’importe quand…
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