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Parenthèse sur l’accouchement

25 juillet 2014 | Filed under: Accouchement and tagged with: Accouchement, Groupe MAMAN, gynécologues, Mariève Paradis, naturel, obstétriciens, Planète F, The Lancet

Mon billet « La découverte de l’allaitement » vient d’être publié dans le dernier exemplaire du MAMANzine réalisé par le Groupe MAMAN (Mouvement pour l’Autonomie dans la Maternité et l’Accouchement Naturel). J’ai eu la chance de rencontrer certaines militantes et j’ai eu envie de m’impliquer dans le projet de redonner confiance aux femmes dans leur capacité d’accoucher.

Groupe MAMAN

Groupe MAMAN

J’ai réalisé que le mot « naturel » est un concept qui demande une réflexion parce qu’il est souvent galvaudé. On touche ici une corde sensible puisque la majorité des femmes souhaitent un accouchement vécu dans la « normalité ». Force est d’admettre que pour plusieurs raisons, les événements ne se déroulent pas toujours comme prévu. L’accouchement est imprévisible et d’une intensité difficile à qualifier. Il s’agit d’un rare moment où la femme entre dans un état où coexistent à la fois une grande puissance du corps, mêlée à une vulnérabilité sous sa forme la plus brute.

Je garde toujours en tête une triste réalité, celle qui est vraie qu’il n’y a pas si longtemps, des femmes et des enfants mourraient à la naissance. Cette histoire, j’en parle de manière émotive dans mon texte sur l’accouchement dans les années 1950. À cette époque, on expérimentait deux extrêmes, celui des accouchements en maison, souvent sans l’aide d’une personne qualifiée, ou à l’hôpital, sous anesthésie générale.

Ces méthodes marquent aujourd’hui une certaine forme de préjugés de part et d’autre des approches professionnelles : les médecins jugent parfois les compétences des sages-femmes pourtant hautement qualifiées et celles-ci critiquent le recours presque systématique à la médication à l’hôpital. Pourquoi tant d’écart entre les deux? Probablement parce que le début du siècle est marqué par le souvenir douloureux de ces femmes et de ces enfants qui perdaient la vie à l’accouchement, tant à l’hôpital qu’à la maison.

Comme je l’explique dans le billet Brève histoire de l’accouchement au Québec sur le blogue de Maman Éprouvette, on notait 5,2 décès de femmes sur 1000 naissances en 1926. De nos jours, on parle plutôt de 12 décès sur 100 000 naissances au Canada en 2010 soit  0,12 sur 1000. Je pense que ces données sur notre passé sont encore ancrées en nous et marquent en quelque sorte un traumatisme collectif. L’amélioration significative du taux de survie peut être probablement attribuable à une meilleure hygiène et à une meilleure connaissance des processus physiques de la naissance. Malgré tout, l’accouchement fait peur et on a en quelque sorte perdu confiance dans le processus physiologique dit naturel. Mais justement, qu’est-ce que ça veut dire? La société des obstétriciens et gynécologues du Canada définit l’accouchement naturel dans une publication en ligne.

Accouchement naturel – L’enfant naît en position « tête première », par le vagin (filière pelvigénitale), supervisé par un professionnel de la santé qui s’assure que la mère et le bébé sont en bonne santé, mais le travail évolue sans assistance médicale.

Je souligne ici le fait qu’on mise sur la supervision d’un professionnel de la santé, tout autant médecin que sage-femme. Récemment, le journal scientifique The Lancet a publié une série d’études proposant un revirement sur les approches actuelles. Le respect de la femme et de sa famille et le recours à des soins personnalisés contribueraient de manière significative au bon déroulement de l’accouchement. L’article de Mariève Paradis  La pratique sage-femme dans The Lancet paru dans Planète F résume bien les propos du texte original :

Dans une analyse de 461 revues comprise dans la série, on démontre que les femmes ont besoin de services respectueux offerts par le personnel soignant « qui engendre la confiance avec des soins personnalisés aux besoins individuels ». Cette analyse rappelle que les services de santé pour les mères et leur bébé ont plutôt eu tendance à être des interventions pour sauver des vies plutôt que de se baser sur les besoins réels des mères.

Pourquoi a-t-on bien souvent cette boule d’émotion qui nous chavire quand on parle de cette journée qui marque un tournant dans une vie? Et si c’était parce que le volet émotionnel est beaucoup plus important que l’on pense?

Dans le même article, on souligne des conséquences alarmantes par manque de soutien qualifié :

La sous-utilisation et la surutilisation des interventions pendant la grossesse et l’accouchement contribuent, selon cette série d’études, à des complications aiguës et chroniques autant cliniques que psychologiques pour environ 20 millions de femmes enceintes dans le monde. Comme notre article sur le syndrome de stress post-traumatique suivant l’accouchement mentionnait, les conséquences psychologiques peuvent être débilitantes pour les mères.

Il faut le dire et le répéter : la préparation à l’accouchement est essentielle et trop souvent négligée par manque de ressource. On ne demanderait jamais à personne de faire un marathon sans une préparation rigoureuse, à la fois sous l’aspect physique et psychologique. Pourtant, chaque jour on demande à des femmes de vivre une expérience d’une telle intensité sans véritable préparation. On s’étonne collectivement du haut taux d’intervention médicale et on fait porter le fardeau sur celles qui en ont recours. Ce n’est pas la solution. Il est urgent de travailler en amont pour que les femmes s’approprient leurs accouchements et qu’elles puissent les vivre comme elles le désirent, selon leurs propres convictions.

En cela, je crois qu’il est tout naturel qu’ensemble on travaille à changer les choses dès maintenant.

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Written by Marie-Christine Pitre

En plus d’être la maman de Laurent, né le 4 juin 2012, je suis doctorante en histoire de l’art à l’UQAM. Je travaille sur le design québécois, plus précisément sur la chaise Solair créée par Fabio Fabiano et Michelange Panzini en 1972. Je suis passionnée par l’art, l’histoire et le design, mais aussi sur tout ce qui touche à la parentalité. Je suis membre du CELAT, de l’UAAC-AAUC et du Canadian Design Studies Network. J’ai rédigé le blogue Sur les traces du constructivisme alors que j’étais étudiante à l’Université d’État des sciences humaines de Russie, à Moscou. Je souhaite combiner mes passions et devenir accompagnante à la naissance en plus de rédiger ma thèse.

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4 Responses to "Parenthèse sur l’accouchement"

  1. Avatar Gabrielle dit :
    25 juillet 2014 à 9 h 32 min

    Je suis tellement d’accord avec ton point de vue. Notre société doit revoir la manière de voir l’accouchement afin que les femmes se réapproprient cette événement puisque c’est elles qui accouchent. Pour avoir eu la chance d’avoir un suivi avec une sage-femme, cette vision des choses est la leur et leur approche est vraiment basée sur un lien de confance entre la maman et elles. Je crois que les médecins devraient s’en inspirer (et je sais que de plus en plus d’hôpitaux font des efforts dans ce sens) Autre chose, la médecine a permis de réduire le taux de mortalité et a rendre l’accouchement des plus sécuritaires. Cependant, il y a des excès comme l’utlisation du syntho lorsqu’il n’est pas nécessaire ou de l’épisiotomie (aujourd’hui de moins en moins pratiqué heureusement). Pour terminer, je tiens à préciser que je n’apporte aucun jugement pour les femmes qui se sentent plus à l’aise en milieu hospitalié. On s’entend que pour accoucher, on doit se sentir en sécurité et au Québec, on a la chance d’avoir le choix 🙂

    Répondre
    1. Avatar Valérie dit :
      25 juillet 2014 à 12 h 14 min

      Je suis très d’accord avec toi Gabrielle. D’ailleurs, ayant accouché dernièrement a l’hôpital, j’ai eu droit au syntho sans même en être avisee. Je croyais que j’avais uniquement le soluté pour éviter la déshydratation, puis en posant des questions j’ai appris qu’on minjectait aussi le médicament. J’avoue que j’ai été très choquée et déçue de l’apprendre. Disons qu’il reste encore beaucoup de travail a faire en milieu hospitalier. Surtout en ce qui concerne le consentement libre et éclairé sur les décisions médicales qui sont prises. Mais il faut le dire, l’infirmière qui m’a accompagnée dans mon accouchement a été une vraie perle et j’ai beaucoup apprécié son soutien.

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  2. Avatar Sara dit :
    26 juillet 2014 à 11 h 21 min

    « Pourtant, chaque jour on demande à des femmes de vivre une expérience d’une telle intensité sans véritable préparation. On s’étonne collectivement du haut taux d’intervention médicale et on fait porter le fardeau sur celles qui en ont recours. » C’est tellement ça! J’ai été chanceuse, je n’ai pas eu à vivre d’interventions médicales pendant mon accouchement, mais j’ai des amies qui en ont vécues, et comme elles ont été encouragées à avoir un accouchement naturel, elles ont vécu très difficilement le fait que l’accouchement ne s’est pas passé comme elles le voulaient… Le fait le personnel médical n’explique pas les différentes interventions avant de les exécuter est très néfaste pour les accouchements. Quand tu te sens forcée de subir des procédures et qu’on ne t’inclus pas dans le processus (ou qu’on n’inclut pas la personne qui t’accompagne), ça n’aide personne : la suite de l’accouchement ne peut pas vraiment bien se passer après ça. C’est comme si le personnel médical fait complètement abstraction du fait que la personne qui subit ces interventions a des réactions à la façon dont elle se fait traiter, et que ces réactions ont une grosse incidence sur la façon dont l’accouchement va se passer…

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  3. Avatar Audrey Bélanger dit :
    1 août 2014 à 16 h 46 min

    J’avoue que je n’ai pas encore d’enfants. Par contre, ma mère est infirmière et je sais que peu importe la situation médicale, parfois les secondes comptent. Je lis les commentaires et il ne serait pas plus adéquat d’expliquer les procédures médicales les plus courantes aux femmes enceintes avant l’accouchement? Je m’explique, quand une situation délicate survient, le personnel médical ne prend pas toujours le temps d’expliquer probablement pour se donner le maximum de chance de réussir la procédure. Si la femme connaît déjà la procédure, on économise du temps et elle sera peut-être moins angoissée car elle sait ce qui l’attend. J’imagine qu’elle peut aussi refuser en toute connaissance des conséquences.
    Le témoignage de Valérie est inquiétant. Je n’aimerais pas me faire injecter quoi que ce soit sans même le savoir. Ça m’apparaît non éthique.
    En somme, je pense que mon idée rejoint les vôtres, je n’ai pas expérimenté le système, mais je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à améliorer. Autant pour la sécurité et la santé que pour le bien-être.

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