La rentrée des parents-étudiants
Vous l’avez sûrement remarqué : peu d’articles ont traité de notre vie de parents-étudiants pendant l’été. Certes, nous étions tout de même aux études de manière autonome, mais il reste que la rentrée de septembre marque toujours un nouveau départ. Les articles traitant de notre réalité étudiante seront donc plus fréquents à partir de maintenant. Que vous soyez au travail, à la maison ou aux études, parent ou non, continuez à nous lire, nos billets se veulent un lieu d’échange ouvert et respectueux. Nous continuerons à traiter d’une grande variété de sujets.
Quelques lignes sur mon parcours
C’est avec une boule d’émotions que j’entame mon dernier séminaire universitaire, celui qui marque la fin des cours suivis à travers 8 années d’études en histoire de l’art à l’UQAM. Vous pouvez suivre mon cheminement si vous voulez en apprendre plus sur moi. Mais si vous souhaitez un petit résumé, sachez que j’aime étudier et j’ai eu la chance de visiter plusieurs institutions d’enseignement. Lors de ma maîtrise, j’ai appris les rudiments du russe à l’Université Laval et à l’Université d’État des sciences humaines de Russie à Moscou. Puisque mon programme de doctorat est interuniversitaire, cet hiver j’ai suivi un séminaire à l’Université Concordia et c’est aussi l’affiliation de mon co-directeur. Mon dernier séminaire se déroulera à l’Université de Montréal.
Je n’ai toutefois pas été mère-étudiante pendant toutes ces années. Je suis tombée enceinte au début de ma première année doctorale et je suis devenue maman le 4 juin 2012. J’ai repris mes études en janvier 2013, lorsque Laurent avait 7 mois. Simon donnait sa première charge de cours pendant cette session. Ce fut une période de stress intense. Après le trimestre d’automne, je consacrerai mon temps à mes ateliers de recherche, à l’examen de synthèse et à la rédaction de ma thèse. Ce sera un tout autre défi que j’anticipe un peu (beaucoup), je dois vous l’avouer. J’aurai certainement la chance de revenir vous en parler.
Je tiens présentement à traiter de la situation de parent-étudiant de manière plus générale et je crois que la rentrée de l’année 2013-2014 est une bonne introduction à cette Génération conciliation études-travail-famille tel que traité par Marie-Andrée Chouinard dans Le Devoir le 19 juin 2013. Cet article est malheureusement réservé aux abonnés. Par un drôle de hasard, le premier billet ce notre blogue s’intitulait Conciliation-travail-famille-études et il a été publié dans la même période, soit le 14 juin. Nous pensons donc que notre projet est un témoin de cette nouvelle réalité.
La nouvelle vie étudiante
Le Conseil supérieur de l’éducation a fait paraître un rapport très pertinent en juin 2013. Son titre, « Parce que les façons de réaliser un projet d’études ont changé…», montre de manière révélatrice que l’étudiant « moyen » n’a plus lieu d’être.
En somme, la figure étudiante des universités est devenue plurielle au regard des caractéristiques sociodémographiques. Mais bien plus, et c’est ce qui retient ici l’attention du Conseil supérieur de l’éducation, une diversification se manifeste aussi au regard du mode d’engagement dans les études et du mode de fréquentation de l’université (p. 2).
Dans la section 1.4.2 consacrée à « la parentalité des étudiants », on nomme d’emblée les difficultés relatives à ce choix de vie :
La parentalité touche une proportion plus faible d’étudiants que le travail, peut-être parce qu’elle se concilie plus difficilement avec les études universitaires. On peut en effet penser que, pour des raisons familiales, des individus renoncent à des études universitaires, en évitant d’amorcer un projet d’études ou en l’interrompant avant de l’avoir mené à terme. Comme le soutient Home (1998, p. 93), contrairement à l’emploi, « family and student work “just never ends” » (p. 16).
Toutefois, j’ai eu beaucoup de surprise à lire la finale de cette section, qui traite de notre situation à Simon et à moi :
Enfin, comme en rend compte Tanguay (2012), des étudiants-parents au doctorat disent avoir effectué un retour aux études précisément pour s’acquitter de leurs responsabilités parentales plus aisément qu’ils n’auraient pu le faire en occupant un emploi. Autrement dit, pour certains étudiants, la conciliation études-famille paraît plus facile que la conciliation travail-famille, en raison de la souplesse de l’horaire, du moins au doctorat (ex.: possibilité de travailler à la maison, selon des plages horaires qui conviennent le mieux à la famille) (p. 18).
En effet, notre situation vogue à travers ces deux perspectives paradoxales. D’un côté, il est bien vrai que contrairement au travail « la famille et les études ne finissent juste jamais ». Comme la grande majorité des parents, notre enfant est une préoccupation constante. Nous ajoutons toutefois nos sujets de thèses qui font toujours partie de nos pensées. C’est comme si nous n’avions jamais de pause d’aucun de ces deux aspects centraux dans nos vies. De l’autre côté, nous avons cet avantage non-négligeable d’avoir un horaire flexible qui convient à la vie familiale. C’est le choix, délibéré, que nous avons fait.
Je pense toutefois que dès qu’on prend la décision de devenir parent-étudiant, on vit en partie les mêmes jugements, mais aussi les mêmes avantages.
Être parent-étudiant c’est :
Les difficultés
- Être vu comme des parents « jeunes », voire « immatures », parce qu’on n’a pas un emploi stable, considéré comme un prérequis par certains travailleurs.
- Se sentir coupable d’être à la maison pour étudier et laisser notre enfant à la garderie.
- Se sentir coupable de ne pas travailler quand notre enfant est à la maison.
- Avoir un budget variable selon les prêts étudiants, les bourses, les contrats universitaires.
- Devoir accepter que le temps est une denrée rare, au risque de sacrifier le sommeil déjà limité.
- Remettre à plus tard l’achat d’une propriété.
Les avantages
- Être excité par les soldes du retour à l’école.
- Parfois faire sa rentrée scolaire au même moment que ses enfants.
- Savoir qu’apprendre peut donner mal à la tête, mais aussi être une source de grandes réjouissances.
- Remettre à plus tard notre travail lorsqu’on sent que bébé a besoin de nous.
- Pouvoir faire ses commissions ou prendre des rendez-vous en plein milieu de la semaine.
- Mais aussi et surtout, savoir au fond de nous-même qu’on est un modèle de persévérance pour notre enfant, que les sacrifices que l’on fait rend notre famille plus heureuse au présent, et pour l’avenir.
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Non, nous ne ferions pas un choix différent. Être parent-étudiant, c’est un privilège.
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