Les derniers tabous
Devenir parent, c’est accepter de passer par toute une gamme d’émotions : les plus belles, les plus intenses, mais aussi les moins nobles et même les plus laides. Je n’ai qu’un peu plus d’une année d’expérience comme maman, mais j’en suis venue à voir que la parentalité est loin de toujours être rose bonbon… sauf que personne n’en parle publiquement. Je pense que le temps est venu de cesser de se mettre la tête dans le sable.
Voici la liste des tabous qui me semblent les plus « honteux », mais malgré tout vécus par une majorité de parents. À bas la honte, assumons nos travers, les enfants n’en seront que plus équilibrés si on accepte le soutien de notre entourage. Comme le dit un proverbe africain « Ça prend un village pour élever un enfant ». J’ai tendance à croire à cet adage plein de sagesse.
Tabou #1 : Être tanné du rôle de parent
Les parents vont l’avouer sous le sceau de la confidence : parfois, on donnerait notre enfant au premier venu. C’est une émotion négative qui nous fait sentir coupable (le spectre de la culpabilité est de retour!), voire agressif dans nos pensées. C’est un des derniers tabous de notre société qui glorifie ce rôle. La peur d’être un « mauvais parent » explique assurément le silence sur le sujet. Or, s’il y a parfois des jours où on est tannés de notre emploi, de nos études, de notre famille, de nos amis, pourquoi en serait-il autrement de nos enfants ? Dans ces moments, le répit est essentiel. Vous devez demander de l’aide de vos proches ou bien avoir recours à des organismes comme les Relevailles ou une halte-garderie. Faites évacuer le trop plein en parlant de ce qui vous épuise dans des groupes Facebook par exemple. Réprimer les émotions ne donnera rien de bon, l’enfant le ressentira même si vous faites de votre mieux. Allez respirer un bon coup, faites des blagues sur le sujet, gardez votre calme et tout ira bien. Vous êtes humains avant tout.
D’ailleurs, c’est grâce à mon émission fétiche « How I Met Your Mother » que j’ai cessé de m’en faire et de me sentir coupable de mes pensées.
*Attention, des punchs de l’émission seront révélés dans la suite de ce message. Si vous ne voulez pas le lire, sautez tout de suite au tabou numéro 2.*
Je me suis toujours identifiée au personnage de Lily. Dans la série, elle est tombée enceinte au même moment que moi et on a suivi toutes les étapes de sa « grossesse » simultanément. On voit même son petit garçon grandir au même rythme que Laurent. Dans la dernière saison, elle se confie à son meilleur ami Ted. Elle lui dit qu’elle a un secret qu’elle ne révélerait à personne d’autre que lui. Elle lui confie ceci : parfois, elle aimerait cesser d’être une mère… À ce moment, Simon et moi avons presque pleurés tant cela reflétait comment on se sentait à ce moment-là. Enfin, on n’était plus seuls. C’est une fiction bien sûr, mais cette courte phrase nous montrait ce que tant de gens vivent, mais sans le dire ouvertement… Même si on aime notre enfant plus que tout au monde, il nous arrive de souhaiter un court instant revenir à cette « vie d’avant », celle qui nous semble maintenant bien lointaine. Puis, notre enfant nous sourit et on se rappelle que tous nos efforts en valent le coup, malgré les cernes et les cheveux blancs…
Tabou #2 : Les effets collatéraux d’une épuisante fatigue
Tout le monde nous le dit : c’est important de se reposer avant d’avoir notre enfant parce que les nuits sont courtes. On le sait, on se dit qu’on est prêts, mais on n’imagine pas les dommages possibles sur notre santé mentale. Avoir un bébé qui se réveille environ 4 fois par nuit, ça gruge tout ce qu’on a comme énergie : vraiment tout. Juste arroser nos plantes devient une tâche surhumaine, alors imaginez l’état de notre domicile… Plus encore, on en vient à halluciner notre enfant dans notre lit lorsqu’il repose tranquillement dans sa bassinette ou on a peur de nos propres comportements.
J’ai vécu un grand soulagement lorsque j’ai lu l’article du site « Découvrir la maternité » consacré à la dépression post-partum. Je ne pense pas l’avoir vécu, mais j’ai enfin mis un nom sur un comportement que je préférais cacher : celui des phobies d’impulsion. J’avais peur d’être tellement épuisée et d’en arriver à souffrir de somnambulisme et de perdre le contrôle. Je craignais d’avoir des gestes brusques envers mon enfant. J’avais peur de devenir folle… Je me suis mise à lire sur tout ça et le processus mental est le même qu’avoir l’envie de jeter notre sac à main dans les rails du métro, comme ça sans raison. L’avez-vous déjà vécu? En questionnant mon entourage j’ai vu que c’était très commun comme pensée. Notre esprit divague, nous teste, mais en fait il faut accepter de le vivre et faire le choix de bien agir.
Tabou #3 : Avoir l’impression d’avoir toujours tort
Vous avez sûrement déjà vu circuler un petit texte plein de vérités dans les réseaux sociaux : les mères ont toujours tort. Voici la première partie :
Les mères qui n’allaitent pas ne se soucient pas de la santé de leur bébé ;
Celles qui n’allaitent que quelques semaines sont des lâcheuses ;
Celles qui allaitent plusieurs mois sont des perverses ;
Celles qui optent pour l’allaitement mixte sont des indécises qui vont mêler leur bébé ! […]
Et ça continue longtemps comme ça et ça fait tellement du bien de voir qu’on se sent toujours coupable de tout, peu importe tous les choix qu’on fait. Pourtant, il est évident que tous les parents, tous les enfants sont différents, donc évidemment chaque famille est différente. Ne pouvons-nous pas pour une fois accepter que les autres aussi peuvent avoir raison même s’ils font d’autres choix que les nôtres? Du même coup, cela ne signifie-t-il pas qu’on a toujours raison si on le fait pour le bien-être de notre famille?
Alors voilà. Je suis certaine que je n’ai pas encore mis des mots sur les autres tabous qui continuent à exister dans notre société. N’hésitez pas à en parler dans les commentaires, nous serons plusieurs à vous en remercier.
*Cet article a donné suite à une série. Le deuxième opus s’intitule Ouvrir la boîte de Pandore
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