Le hibou mangeur de cerises
Très tôt dans mes intérêts de recherche, il y a eu la narratologie, c’est-à-dire, au sens large, l’étude de la narration. Parmi les premiers narratologues (bien que rares sont ceux qui se donnent ce titre), il y a Vladimir Propp, dont le principal objet de recherche était les contes traditionnels russes.
Je suis toujours fasciné par la narration, que ce soit la manière dont les choses sont racontées — par exemple, comment un jeu vidéo raconte une histoire différemment d’un roman — que dans la structure narrative elle-même. Raconter une histoire à Laurent ne m’empêche évidemment pas de réfléchir sur l’histoire elle-même et sa manière dont elle se présente à nous dans un livre de contes.
Parmi les structures narratives les plus typiques, on a le fameux découpage en différents segments (repris un peu partout mais malheureusement sans mention de son théoricien original): situation initiale, élément déclencheur, péripéties, dénouement, situation finale. Les termes sont bien sûr souvent différents. J’ai vu et revu ces éléments de structure du secondaire au baccalauréat, en passant par mon certificat en scénarisation.
C’est avec ce bagage en tête que je lis cette courte histoire dans un livre de contes que j’avais quand j’étais petit. C’est l’histoire d’un hibou mangeur de cerises. C’est probablement l’une des premières histoires qu’on a lu à Laurent puisque le hibou est le thème principal de sa chambre.
Il était une fois un hibou qui mangeait des cerises. Il en avalait des milliers et les fermiers décidèrent de le tuer. Alors, le hibou mangea leurs cartouches. Il eut une indigestion et le lendemain, il s’aperçut qu’il ressemblait à une grosse cerise toute rouge, de la taille d’un soleil couchant. Mis en appétit, il se mit à se dévorer lui-même. Et c’est ainsi que disparut le gentil petit hibou qui aimait trop les cerises (p. 66).
Ce que je trouve le plus intéressant de cette histoire, c’est qu’on peut quand même jusqu’à un certain point retrouver chacun des cinq segments dans un histoire aussi courte et avec une aussi grande absurdité.
Je me demande jusqu’à quel point ça peut en révéler non pas sur l’histoire elle-même, mais sur l’utilité de ce schéma narratif typique.
Référence
Valérie Michaut, et al. 1986. 50 histoires d’animaux. Paris: Lito-Paris. 187 p.
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