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Ouvrir la boîte de Pandore

4 septembre 2013 | Filed under: Parents, Vie quotidienne and tagged with: parentalité, tabou

En débutant ce blogue, je me suis fait une promesse : celle d’être la plus transparente possible. Ici, je mets mon coeur sur la table. Je me jette tout entière dans les confidences, sans autres artifices que ma propre sensibilité.

Je dois donc vous avouer humblement que j’ai hésité avant de publier mon dernier article Les derniers tabous. En fait, j’ai demandé à un de mes groupes de mamans de me lire et de me donner leur opinion avant de le rendre visible à tous mes lecteurs. Je les connais depuis plusieurs années et je sentais que je pouvais leur faire confiance. Pour être honnête, j’avais besoin qu’elles me confirment qu’elles ne trouvaient pas que j’étais une mauvaise mère… Lorsque cette réflexion a jailli dans ma tête, j’ai eu la confirmation que j’étais face à des tabous insidieux, desquels j’étais moi aussi l’esclave. Elles m’ont rassurée et convaincue de me lancer. J’ai même eu l’impression d’en entendre plusieurs soupirer de soulagement au moment de leur lecture. Leur fébrilité, leur soutien et leur reconnaissance m’ont donné l’énergie de le publier.

Très rapidement, les commentaires qui ont suivis sont allés dans la même direction. Je sentais que plusieurs personnes trouvaient que je n’allais pas assez loin, que d’autres tabous persistaient encore. J’ai passé les derniers jours à y réfléchir. Ma mère, ma belle-mère et ma grand-mère se sont même prêtées au jeu et elles ont avoué avoir parfois voulu revenir en arrière, parfois elles ont regrettées le choix de devenir mère. Je l’avoue, c’est une catharsis qui m’a fait un bien énorme.

Parallèlement, j’ai été confrontée à une réaction à laquelle je ne m’attendais pas. Certains de mes lecteurs habituels n’ont pas voulu élaborer sur ce texte. C’était comme un désintérêt poli qui cachait de manière à peine voilée une désapprobation, un malaise, comme si la lecture en elle-même allait chercher des éléments qu’ils ne voulaient pas voir, une partie de leur coeur fermée à double tour. Les tabous occupent une place tellement grande qu’on réprime à les nommer, parce que c’est trop dur d’admettre qu’on est pas parfait dans cette société de haute performance.

Tabous

La boîte de Pandore, celle qui cache ce qu’on ne veut pas voir. Crédit : Jean-Nicolas Pitre

Dans l’esprit de cette réflexion, Marianne Prairie, auteure du blogue Ce que j’ai dans le ventre m’a mis sur la piste du site Renegade Mothering, plus précisément l’article « You blissed-out moms are ruining future ». Marianne me propose cette traduction « Comment les mamans gaga scrapent l’avenir ». Dans ce texte, l’auteure du site anglophone explique qu’elle reçoit des messages en privé de mères qui lui disent qu’elle ne devrait pas parler publiquement du fait qu’elle n’est pas toujours épanouie par la maternité, que ses enfants sont parfois des petits monstres. Selon ses lectrices, les pauvres enfants qui liront le texte plus tard pourraient être touchés par la critique et être fragilisés par ce dur constat. Selon elles, il vaut mieux cacher la vérité pour « protéger » les enfants. Je n’ai pas personnellement eu un « avertissement » aussi flagrant, je parle plutôt d’un ressenti dans la réception du texte. Mais j’imagine très bien des gens qui me lisent avoir une telle réflexion. Une des phrases de l’article nomme explicitement le paradoxe :

Hey kids, join me in this falsely constructed world, because society says it’s the way we’re supposed to act. Even though it’s not true, and WE ALL KNOW IT’S NOT TRUE, we do it anyway…just because!

[Hey les enfants, venez avec moi dans cet univers construit et pleins de faussetés, parce que la société dit que c’est la façon dont nous devons agir. Même si rien de tout cela est vrai,et NOUS SAVONS TOUS QUE CE N’EST PAS VRAI, on le fait quand même… parce que c’est comme ça!]

Un « univers construit »: ce concept me hante depuis les débuts de la création de ce blogue et il roule en boucle dans ma tête. Tout ce qui nous entoure est créé socialement, la publicité, les règles à suivre, les tabous bien sûr… Je vais devoir consacrer un autre article à ce sujet parce que j’ouvre la porte vers quelque chose que je n’ai pas encore entièrement ciblé.

Il reste que je sais bien que ma réflexion sur l’existence des difficultés est loin d’être nouvelle. Mon beau-frère Philippe, philosophe nouveau genre et blogueur, me faisait remarquer que Mère Indigne et les Z’imparfaites ont levé les voiles sur bien des difficultés associées à la maternité. Absolument. Je crois sincèrement qu’elles ont contribué à allumer bien des lanternes sur l’univers très sévère de la vie de mère dans la décennie des années 2000. On leur doit une fière chandelle. Grâce à l’humour, elles ont véritablement changé notre société. Ce que Simon et moi tentons de faire, c’est de mettre l’accent sur le changement de paradigme de la seule et unique « maternité » vers la « parentalité ».

Je pense qu’on est maintenant prêts à se dire les choses ouvertement, telles qu’elles sont, sans avoir à passer par d’autres chemins. Dans de prochains articles, je continuerai à nommer les tabous qui grugent notre univers de l’intérieur. Je me fais porte-parole des discussions suscitées par le dernier article. Plusieurs thèmes devront être abordés dans cette nouvelle série qui s’impose à moi tant son potentiel est vaste.

*

Si vous vous êtes rendus jusqu’ici, vous vous dites peut-être que je suis bien malheureuse dans mon rôle de mère. Non, pas du tout, c’est même le contraire je vous dirais. Laurent est ma plus belle création et chaque jour il me rempli de bonheur. En entrant dans ma vie il y a exactement 15 mois, il m’a fait réaliser tant de choses. Pour lui je souhaite être honnête, résiliente, heureuse afin qu’il puisse l’être lui aussi. Pour y arriver, il faut être vrai, pour de vrai.

* Le titre de cet article a été gentiment proposé par Noémie Lavallée, merci !*

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Written by Marie-Christine Pitre

En plus d’être la maman de Laurent, né le 4 juin 2012, je suis doctorante en histoire de l’art à l’UQAM. Je travaille sur le design québécois, plus précisément sur la chaise Solair créée par Fabio Fabiano et Michelange Panzini en 1972. Je suis passionnée par l’art, l’histoire et le design, mais aussi sur tout ce qui touche à la parentalité. Je suis membre du CELAT, de l’UAAC-AAUC et du Canadian Design Studies Network. J’ai rédigé le blogue Sur les traces du constructivisme alors que j’étais étudiante à l’Université d’État des sciences humaines de Russie, à Moscou. Je souhaite combiner mes passions et devenir accompagnante à la naissance en plus de rédiger ma thèse.

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11 Responses to "Ouvrir la boîte de Pandore"

  1. SekhmetDesign dit :
    4 septembre 2013 à 10 h 58 min

    BOOM! Ce dernier paragraphe est EXACTEMENT comment j’ai envisagé être comme mère avec mon enfant quand nous avons décidé d’en avoir un. Et j’ai l’impression que, parce que j’ai décidé d’être honnête avec mes pensées, mes émotions, et ma réflexion sur le sujet de la maternité/parentalité, plusieurs personnes me font le reproche d’exagérer sur les mauvais côtés de la parentalité, de donner une mauvaise image qui pourrait un jour déranger ma fille s’il fallait *OMG* qu’elle tombe sur mes écrits…
    Merci encore pour ces textes, ça me rassure beaucoup de voir que je ne suis pas la seule à penser comme ça!

    Répondre
    1. Marie-Christine Pitre dit :
      6 septembre 2013 à 10 h 10 min

      Merci beaucoup pour ton message ! Non tu n’es pas seule et j’ai le sentiment que c’est le point de vue de bien des parents, mais c’est pas facile de l’avouer publiquement 😉

      Répondre
  2. Sara Houle dit :
    4 septembre 2013 à 23 h 50 min

    Personnellement, je préfère grandement l’honnêteté et l’authenticité au fait de « garder les apparences ». Je trouve ça beaucoup plus sain d’exprimer ce qui ne va pas honnêtement, pour ensuite essayer de trouver une solution ou une façon d’atténuer le sentiment négatif. Parce que selon moi, si on essaie toujours de cacher ce genre de sentiment, on ne peut rien régler : on vit toujours dans le déni! Même que des fois, juste le fait d’exprimer « le méchant » est une solution en soi! On exprime, on se rend compte qu’on n’est pas toute seule à vivre la même chose ou quelque chose de similaire, et voilà, pas de problème…!

    C’est sûr qu’il ne faut pas non plus tomber dans l’autre extrême du positivisme : le négativisme… Mais je crois que ton billet est davantage une bouffée de fraîcheur dans un monde de positivisme assez aigu… Et aussi, tu ne verses pas dans le négativisme, tu restes réaliste, et tes billets finissent toujours sur une touche agréable ou positive… J’ai hâte de lire la suite! 🙂

    Répondre
    1. Marie-Christine Pitre dit :
      6 septembre 2013 à 10 h 15 min

      Merci encore une fois pour tes interventions qui me permettent toujours d’approfondir ma pensée. Tu as tellement raison quand tu parles de positivisme et de négativisme. En fait, j’ai remarqué un contraste très grand entre les articles des sites web « officiels », qui ont toujours un ton faussement enthousiaste et les inquiétudes, souvent grandes, lues sur les forums de discussion. Je ne peux m’empêcher de penser que les articles sont teintés par la publicité, de plus en plus présente sur le web… Le seul endroit où je me reconnais c’est dans mes groupes de discussion privés. On y voit la vraie vie, parfois grise, parfois rose, mais remplie d’une véritable amitié qui permet de faire la part des choses et se dire qu’on est normales.

      Répondre
  3. Sara Houle dit :
    5 septembre 2013 à 0 h 00 min

    Oh et j’adore Renegade Mama! Elle fait tellement du bien, avec son franc-parler et sa façon si précise de raconter les sentiments… Je jubile chaque fois que je lis un de ses billets! J’ai comme envie de me lever de ma chaise et d’applaudir! 😀

    Répondre
    1. Marie-Christine Pitre dit :
      6 septembre 2013 à 10 h 16 min

      Je t’imagine juchée sur ta chaise à applaudir ton ordi et je trouve ça très drôle lol 😀

      Répondre
  4. Les derniers tabous dit :
    11 septembre 2013 à 17 h 20 min

    […] *Cet article a donné suite à une série. Le deuxième opus s’intitule Ouvrir la boîte de Pandore […]

    Répondre
  5. Quito dit :
    14 septembre 2013 à 1 h 15 min

    J’aime ma fille. Sincèrement. Je m’émerveille chaque jour de voir à quel point elle évolue et je n’en reviens toujours pas, même sept mois après sa naissance, qu’elle ait poussé dans mon ventre à moi.

    Devenir parent, c’est honnêtement quelque chose de merveilleux.

    Mais.

    Je ne me suis personnellement jamais sentie mal d’avouer que je trouvais ça chiant, parfois, être maman. Que de passer de « couple » à « famille » a été un choc particulièrement immense auquel je ne m’attendais pas. Que j’étais bien sans enfant et que je retournerais volontiers à mon ancienne vie par moment. Que ça été long avant de développer un véritable attachement envers mon enfant. Que je n’ai pas tripé ni sur l’accouchement, ni sur l’allaitement. Que changer des couches et fredonner la même berceuse 1000 fois par jour ne me permettent pas de m’épanouir totalement comme individu.

    J’apprécie sincèrement mon rôle de maman, mais il y a des jours où je passerais mon tour. C’est normal et c’est très sain de se l’avouer. Je trouve tellement dommage qu’au nom de la foutue perfection qu’on s’impose tous plus ou moins consciemment, peu de gens ose en parler. On passe pourtant tous par la même gamme d’émotions. Ce serait tellement plus réconfortant de savoir qu’on n’est pas seuls à ressentir tout ça.

    Je peux comprendre les opinions de certains qui estiment que les détails négatifs de la parentalité ne devraient pas être révélés pour éviter que l’enfant ne se sente pas aimé. Par contre, je ne les partage pas. Je tiens personnellement à révéler un jour à ma fille toute la gamme d’émotions qu’elle m’aura fait traverser pour que, lorsqu’elle-même deviendra maman, elle sache que les pensées contradictoires qu’elle aura sans doute sont normales et qu’elles ne font pas du tout d’elle un mauvais parent.

    Répondre
    1. Marie-Christine Pitre dit :
      16 septembre 2013 à 11 h 07 min

      Merci beaucoup d’avoir écrit sur le blogue. J’aime particulièrement la finale lorsque vous expliquez qu’il faut être honnête avec notre enfant parce qu’il vivra lui aussi les mêmes émotions lorsqu’il sera parent à son tour. Je suis tellement d’accord !

      Répondre
  6. Marianne dit :
    17 septembre 2013 à 13 h 23 min

    Si je peux me permettre… « You blissed-out moms are ruining future » se traduirait plus comme « Comment les mamans gaga scrapent l’avenir » ou « Vous, mamans bienheureuses, nuisez au futur ».

    Ceci dit, merci d’en parler. Encore et encore.

    Répondre
    1. Marie-Christine Pitre dit :
      17 septembre 2013 à 15 h 26 min

      Merci pour la précision, c’est vrai que la nuance est importante à souligner. Je corrige dans l’article pour éviter la confusion :).

      Répondre

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