Égalité et uniformité: féminisme et Urbania
La question que pose Pascal Henrard à savoir s’il y a « trop de féministes dans Urbania » est en soi extrêmement problématique. La réponse que lui a écrite Aurélie Lanctôt en explique bien les raisons profondes: le féminisme existe encore parce qu’il est encore nécessaire.
Comme je l’écrivais avant-hier, je trouve que le questionnement d’un homme sur le « trop » de féminisme est lui-même de trop. Pour quelqu’un qui ne peut pas connaître la réalité d’une femme au Québec en 2014, c’est une questionnement sans fondement. Chacun a le choix individuel de s’impliquer ou non dans une cause et plusieurs hommes ne s’impliquent pas dans le féminisme pour les raisons évoquées par Henrard, je n’ai aucun problème avec ça. Mais dire qu’il y a trop de femmes qui prennent la parole pour le féminisme, c’est s’ingérer dans une question qui ne le concerne pas.
On peut à mon sens être homme et critiquer le féminisme — il le faut même. Dire que le féminisme ne s’attaque pas aux bonnes cibles, propose des solutions à des problèmes qui n’existent pas (en les identifiant par contre), ou encore revendique trop loin, ce sont des critiques potentiellement recevables dans le cadre de débats. Encore faut-il qu’elles soient bien amenées et soutenues par des faits. Si c’était l’objectif d’Henrard, c’était bien malhabile: une attaque généralisée — il ne parle pas vraiment d’Urbania mais d’un féminisme indéfini —rien d’identifiable, rien de précis.
Uniformité et conformité
Je profite par ailleurs de ma lecture de son texte pour cibler un élément qui me dérange souvent dans ces « critiques » au féminisme et aux questions de genres.
Et, si je suis pour l’égalité, je ne suis pas pour l’uniformité et encore moins pour la conformité.
Il y a trop de sous-entendus dans cette phrase, qui demande à être clarifiée.
J’entends souvent des non-féministes me dire que le féminisme élimine le propre de l’homme et le propre de la femme, qu’il élimine la spécificité des sexes. On m’a déjà dit que l’égalité des sexes était un idéal malsain car il élimine le propre de chacun des sexes. Que le féminisme, au fond, chercherait à uniformiser et à conformiser chacun des sexes pour proposer un seul modèle d’individu.
Mais qu’est-ce que le concept de « spécificité des sexes » si ce n’est une « uniformité » et une « conformité » à ce qu’on attend de ce sexe?
Mise à jour: trois autres réponses
La semaine rose a recensé trois autres réponses (en plus de celle d’Aurélie Lanctôt et de la mienne) à l’article de Pascal Henrard:
- « Y a-t-il trop d’anti-féministes… partout? » de Caroline R.;
- « Y a-t-il trop de Pascal Henrard dans Urbania? » de Sarah Labarre;
- « On est féministes. Deal avec » de huit auteures sur Urbania (Julie Artacho, Caroline Bourbonnais, Gabrielle Lisa Collard, Amélie Faubert, Jocelyne LeBel, Catherine Plouffe Jetté, Tanya St-Jean et Anne-Marie Venne).
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