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Lettre à la ministre de la famille, Francine Charbonneau

23 novembre 2014 | Filed under: Général

Chère Madame Charbonneau,

J’utilise modestement ma plateforme pour vous lancer un cri du coeur en espérant qu’il se rende à vous. J’avoue avoir été ébranlée par l’article de Jocelyne Richer dans Le Devoir du 21 novembre, « La ministre avoue ne pas avoir évalué l’impact sur les femmes et l’emploi« . En fait, comme l’écrivait mon mari, nous n’avons jamais eu accès aux tarifs dits « universels ». Pourtant, le fait que vous n’ayez pas pensé à l’impact des coupes sur la situation des femmes m’apparaît très préoccupant sous une perspective beaucoup plus large.

Je n’ai jamais eu peur d’être honnête et je suis en faveur de la transparence. Je vais vous tracer humblement ma situation familiale. J’ai parfois l’impression d’être personnellement ciblée par toutes les coupes de votre gouvernement au cours des derniers mois. Je crois qu’à différents niveaux, des gens se reconnaîtront à travers mon portrait.

Je suis une femme de trente ans, mère d’un garçon de deux ans, étudiante au doctorat en histoire de l’art et je travaille à contrat pour l’UQAM. J’ai bénéficié de bourses d’excellence en recherche au cours de mes études.  Je m’implique bénévolement dans le milieu communautaire et j’ai dans mon entourage proche un couple ayant bénéficié de la relative « gratuité » des services de procréation assistée. Je prévois un deuxième enfant pour bientôt. Le coût de mes études s’élève au bas mot à 30 000$ depuis le début de mon baccalauréat, idem pour mon mari. Le prix direct de notre éducation a donc tourné autour de 60 000$, sans compter les coûts indirects incluant le fait qu’on ne soit toujours pas officiellement sur le « marché du travail ». Je suis descendue dans les rues, enceinte, en 2012 pour lutter pour l’accessibilité aux études supérieures. J’ose à peine imaginer quel serait le coût si les tarifs annoncés avaient été acceptés. Notre revenu familial est de 60 000$ annuel, mais nos bourses d’études se terminent en mai 2015 et à partir de ce moment seul l’avenir nous dira ce qui arrivera de nous. Nous n’avons jamais reçu d’appel des CPE et nous payons 12$ par jour après le retour anticipé.

Pourtant, je sais que je n’entre pas dans la catégorie des gens défavorisés. C’est sans conteste mon éducation qui me permet d’avoir un regard critique sur le monde qui nous entoure. J’ai toujours eu une famille qui m’a encouragée à étudier, à travailler, à être indépendante. Pourtant en 2014, les inégalités entre les hommes et les femmes sont bien réelles. J’ai eu la chance de rencontrer un homme qui n’a jamais pensé une seconde que sa vie, ses choix, sa carrière était plus importants que les miens. Nous nous sommes mariés par amour, mais aussi en sachant très bien qu’il valait mieux faire équipe financièrement parce que les écarts entre les salaires sont encore bien tristement d’actualité.

Nous sommes plusieurs à jongler avec la conciliation travail-famille-études et j’aimerais que vous pensiez à nous, aux jeunes qui construisent le Québec. Nous sommes capables d’innover, d’améliorer notre société, mais il est clair que l’austérité ne sera jamais la solution. Je crois en la justice sociale et j’ai toujours eu confiance dans les institutions. Il faut travailler à les soutenir, les améliorer, pas les anéantir. Pensez à nous.

Cordialement,

Marie-Christine Pitre

* L’image qui présente ce billet est tirée de la campagne du Coeur jaune des CJE.

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Written by Marie-Christine Pitre

En plus d’être la maman de Laurent, né le 4 juin 2012, je suis doctorante en histoire de l’art à l’UQAM. Je travaille sur le design québécois, plus précisément sur la chaise Solair créée par Fabio Fabiano et Michelange Panzini en 1972. Je suis passionnée par l’art, l’histoire et le design, mais aussi sur tout ce qui touche à la parentalité. Je suis membre du CELAT, de l’UAAC-AAUC et du Canadian Design Studies Network. J’ai rédigé le blogue Sur les traces du constructivisme alors que j’étais étudiante à l’Université d’État des sciences humaines de Russie, à Moscou. Je souhaite combiner mes passions et devenir accompagnante à la naissance en plus de rédiger ma thèse.

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2 Responses to "Lettre à la ministre de la famille, Francine Charbonneau"

  1. Avatar Julien Bérard-Chagnon dit :
    23 novembre 2014 à 18 h 22 min

    Plaidoyer très touchant. J’ai toujours beaucoup de plaisir à lire vos textes qui sont non seulement très bien écrits mais aussi visiblement le fruit d’une réflexion approfondie. Il est en effet malheureux que la ministre n’ait pas pris le temps de consulter les différents acteurs politiques et scientifiques autres que le monde des CPE. Je trouve que ceci montre réellement (encore une fois!) le vrai visage du PLQ, c’est-à-dire un parti qui gère l’État à la façon d’un comptable qui met uniquement l’emphase sur les revenus et les dépenses à court terme sans égard aux autres paramètres de l’équation et surtout, sans vision.

    Ceci étant dit, il faut demeurer réaliste. Sans endosser la hausse brutale proposée par le PLQ, il n’est pas du tout injuste que les étudiants postsecondaires assument une petite partie des coûts de leur scolarité. Du côté des garderies subventionnées, pour moi, le véritable drame est davantage le manque de places, probablement causé par un monopole d’État qui gère l’offre, que la hausse modulée au revenu. Il ne faut pas oublier que la situation financière et démographique du Québec n’est plus celle de la Révolution tranquille. Aujourd’hui, le service de la dette est le troisième poste budgétaire après la santé et l’éducation et il augmente à chaque année. À peine 5% des contribuables ont déclaré plus de 100 000$ en 2012. Le modèle québécois doit être mis à jour et c’est par ces choix souvent déchirants que nous pourrons le léguer à nos enfants. Des pays comme la Suède y sont parvenus relativement bien sans perdre de vue leurs idéaux de société et pas seulement en coupant mais aussi en dépensant les deniers publics de façon intelligente. Oui à l’austérité mais de façon modérée pour continuer à être fier de notre Québec aujourd’hui et dans l’avenir.

    Répondre
  2. Avatar KatMarieChant dit :
    24 novembre 2014 à 20 h 42 min

    Merci Marie-Christine pour ce billet! J’ai vraiment l’impression que les coupes cibles les plus vulnérables de la société: les enfants, les étudiants, les personnes malades, les handicapés. Que c’est triste comme plan de société!

    Répondre

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