Plus parents, moins thèses
À mon tour d’écrire un peu sur la fin de notre expérience de blogue, laquelle se termine en étant un peu plus parents (doublement à partir d’avril prochain!) et beaucoup moins thésards.
Il y avait au fond deux issues logiques à la thèse et on a fini par en explorer chacun une. Marie quitte son programme de doctorat et lance sa compagnie. Moi, j’ai fait mon premier dépôt de thèse la semaine dernière. Le second dépôt sera en format numérique, après la soutenance qui aura lieu en février prochain.
Terminer la thèse change certainement la dynamique quotidienne, mais en fait pas tant que ça. Je ne sais pas combien de nos lecteurs sont doctorants et parents, mais j’ai l’impression que la réalité qu’on a décrit ici est la réalité de bien des gens — peut-être même, mais pas nécessairement, en particulier de notre génération. Des emplois qui traditionnellement offraient une certaine stabilité sont maintenant beaucoup plus précaires et entraînent une mutation de la forme elle-même du travail: je pense, bien sûr, à toute l’affaire autour de David Desjardins qui m’a un peu troublé. Alors qu’on critique un homme qui cherche à concilier sa réalité de pigiste avec la rentrée d’argent (on parlera peut-être un jour de conciliation travail-salaire pour parler des éternels stagiaires et pigistes), on assiste la semaine suivante à une pléthore d’articles dans les grands médias qui parlent indirectement de Star Wars; sans être de la publicité, bien sûr.
Après le doctorat, qu’on l’ait terminé ou pas, on conserve des réflexes qui, je pense, ont été créés par l’étonnante liberté dont peut jouir un étudiant, en particulier lorsqu’il reçoit du financement de l’État. Une fois écoulés les trois ans de salaire pour accomplir un projet que j’ai réussi à démontrer comme étant pertinent, il reste encore bien évidemment une période où il faut chercher d’autres entrées d’argent. La moyenne du temps d’un doctorat est de près de six ans, et plus encore en sciences humaines — et pas parce qu’on est moins productifs, mais probablement parce qu’on a moins d’opportunités de financement, de collaborations avec l’industrie et que notre sujet de doctorat est rarement lié directement aux activités d’un laboratoire de recherche déjà établi.
Bref, la situation d’un chercheur, qu’il soit docteur (ou quasi-docteur comme moi actuellement) ou doctorant, est celle effectivement de chercher du financement tout en poursuivant ses recherches. Il est difficile de ne pas rester accroc à la liberté de recherche. Je fais des demandes de postdoctorat et soumet ma candidature à des postes de professeur d’université pour, en fait, non pas « enfin » avoir un « vrai » travail, mais au contraire, pour pouvoir continuer à faire ce que je fais.
S’il y a une chose centrale qui est commune à la parentalité et à la recherche, c’est bien que c’est une situation qui n’arrête jamais. On n’est jamais tout à fait sûr qu’on a fait le tour de ce qui s’est écrit sur notre sujet, qu’on a analysé suffisamment notre objet d’étude, tout comme on ne sait jamais si on en fait assez en tant que parents — tout simplement parce qu’on peut toujours en faire plus.
Si on arrête d’écrire ici, on continue sur de nouveaux projets comme sur ceux plus anciens. On a fait un bout de chemin ici dont on est très fiers et on sait qu’il nous a permis de jeter un regard différent sur notre vie, entre parents et thèses.
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