Les multiples figures paternelles
Peut-être pour donner le ton à ce que je souhaite écrire sur ce blogue, Stéphane Laporte s’interrogeait dimanche dernier pour l’occasion de la fête des pères sur ce qu’est le père. Déplorant quelque part une absence de figures paternelles de nos jours, il en appelle à une nouvelle identité. Ce texte incarne ce que je déteste lorsque je lis sur la paternité: un ramassis de clichés sur ce que le père était et sur ce que le père est, pour justifier une autre série de lieux communs sur ce que le père devrait être.
Il commence par affirmer que les figures paternelles d’autorité sont disparues: le père comme chef de famille, le curé, le chef d’État, la vedette et, évidemment, Dieu. Le père serait maintenant un suiveux, qui se cherche, qui ne prend plus de décisions mais suit la mère ou donne des cadeaux pour se faire pardonner ses « absences ». Un peu simpliste.
Il termine avec une perspective pseudopsychanalytique et essentialiste sur ce qu’est le père.
Qu’est ce que le père peut incarner? Ce qu’il est. Le monde extérieur. La proximité entre la femme et l’enfant est imposée par la nature. Le foetus se développe dans le sein de la mère. Il est relié est à elle par un cordon. Il est son prolongement. Cette osmose mère-enfant laisse souvent le père à l’écart. Pourtant, c’est cette distance qui doit définir le rôle du père. Il est le guide de l’enfant vers le monde. Celui qui doit lui montrer le chemin vers les autres. Le mentor qui prépare l’enfant à son autonomie.
Les parents sont des coachs de vie, et c’est très enrichissant quand chacun a sa spécialité. Un coach de l’intérieur et un coach de l’extérieur. Faire en sorte que l’enfant soit bien en dedans et en dehors. Le père qui est déjà en périphérie a pour mission d’amener l’enfant vers l’inconnu et de le lui faire connaître.
Pourquoi, parce que le père ne porte pas l’enfant en lui, il serait davantage le représentant de l’extériorité? Tant mieux si dans la plupart des couples, le père est bel et bien celui qui représente l’autonomie. Mais est-ce que c’est nécessairement le cas? Est-ce que c’est ça un père, aujourd’hui?
Je ne sais pas d’où vient cette nécessité de toujours avoir des « missions » spécifiques à nos sexes basées sur des métaphores d’intériorité et d’extériorité en lien avec le cordon ombilical. Si on s’est socialement débarrassés de Dieu comme figure paternelle, ce n’est très certainement pas pour s’en imposer d’autres.
Pourquoi a-t-on toujours besoin d’un seul modèle clair applicable pour tous, avec une justification ésotérique de surcroît? Ne peut-on pas admettre qu’il existe une multitude de manières d’être parent, admettre qu’il n’y a pas qu’une bonne réponse?
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