L’enfant dans le coeur
Cette semaine, j’ai lu plusieurs textes qui m’ont fait réfléchir sur la vie. Je me suis heurtée à des commentaires blessants qui me confrontent à ma série sur les tabous*. C’était déjà un thème qui me touchait tout particulièrement, mais cette semaine, j’ai eu la confirmation que mes impressions étaient véridiques suite à la lecture de commentaires blessants.
Tabou #4 : Parler d’infertilité
L’infertilité est un sujet délicat qui soulève des réactions souvent bien opposées. D’un côté, il y a ceux qui préfèrent penser que ça n’existe pas ou pire, que les seuls responsables de cette réalité sont les couples infertiles eux-mêmes qui devraient « arrêter d’y penser ». L’article « C’est vraiment vraiment gentil mais » du blogue de la Madame donne un nouvel éclairage sur ce point de vue qui se veut « bien intentionné », mais qui se trouve à être tout à fait l’opposé…
À l’autre bout du spectre, on retrouve ceux qui ne pensent qu’au volet économique engendré par le remboursement des traitements de fertilité. On y lira un splendide éventail de pseudo-spécialistes qui ne pensent qu’à leur porte-feuille et pour qui l’infertilité n’est « pas une maladie ». Pour plusieurs, la baisse de la fertilité est encore une fois la responsabilité des couples, qui ont trop tardés à avoir des enfants.
C’est d’ailleurs sur ce point que mon poil m’hérisse tout particulièrement. J’y vois une sorte de désinformation des médias qui font des cas d’exception des cas de figure plus généraux. Des articles aux titres clairement connotés « Procréer à tout prix » par Ariane Krol ou « Les Québécoises plus âgées que les autres Canadiennes » par Pascale Breton ne dressent pas le portrait de tous les couples. Dès l’introduction du deuxième article, on apprend ceci :
Au Québec, plus du quart des femmes ayant recours à la fécondation in vitro sont âgées de plus de 40 ans. C’est le taux le plus élevé au pays. Or, seule une minorité d’entre elles réussiront toutefois à devenir enceintes.
On y apprend que plus de 25% des femmes ont atteint la quarantaine au moment de la FIV et cela inquiète les médecins. N’étant pas au fait de tous les enjeux liés à la procréation dite « tardive », je préfère ne pas me prononcer sur cette situation. Par contre, ce constat met en lumière un autre fait hautement éclairant : environ 75% des femmes (je préfère dire couples) infertiles n’auraient pas le profil qui est toujours énoncé dans les médias.
Le cri du coeur de Julie Marchiori publié par Patrick Lagacé dans La Presse dans l’article « La procréation assistée, à hauteur de maman » est particulièrement émouvant et exemplifie tous ces couples laissés- pour-contre dans la foulée du débat éthique. Leur rêve le plus cher est de donner la vie à cet enfant qui habite dans leur coeur depuis si longtemps, celui qui occupe toutes leurs pensées, la raison derrière ce dévouement infini :
On mettra au monde une citoyenne, made in Laboratoire. Active. Riche de son intelligence. Critique de son quotidien. Généreuse envers sa patrie et sa communauté.
Ce sont les commentaires laissés par le public qui sont venus m’ébranler profondément avec les propos si durs, si inhumains. J’ajoute ma voix à celle de l’auteur pour faire cesser ce tabou.
Je ne suis pas infertile, mais ma propre naissance relève des progrès de la science, de ces traitements, ardus et confrontants. Je suis tellement admirative devant le courage de ces parents en devenir. Impossible de rester insensibles à la lecture des écrits de la page de Emotions in vitro, de L’amour est patient, et nous aussi! ou de tous les témoignages lus sur les forums et autres blogues.
À tous nos détracteurs, allez les lire avant de juger, vous pourriez comprendre, enfin, le drame qui les afflige.
*Il s’agit d’une série qui comprend déjà les articles Les derniers tabous et Ouvrir la boîte de Pandore.
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