Une vie entre parenthèses
Un blogue de parents-étudiants
Une vie entre parenthèses
Navigation
  • Accueil
  • À propos
  • Auteurs
  • On écrit sur nous
  • Accompagnement à la naissance
You are here: Home › Genres › Le privilégié et le féminisme
← L’étudiant entrepreneur, les bourses d’études et le congé parental
La fin de la vingtaine →

Le privilégié et le féminisme

16 septembre 2014 | Filed under: Genres and tagged with: Égalité des sexes, Féminisme, Francis Dupuis-Déri, Proféminisme

Je viens de lire un article de Francis Dupuis-Déri écrit en juillet dernier et j’avoue que je n’ai pas lu d’article aussi démotivant depuis un bon moment — malgré sa grande pertinence. Intitulé « Petit guide de ″disempowerment″ pour hommes proféministes » (publié à l’origine ici), Dupuis-Déri nous propose quelques manières d’agir dans la lutte féministe même si on est un homme profitant implicitement de la situation d’inégalité entre les sexes. Un article extrêmement nuancé, fort précis, clair, juste, mais… extrêmement démotivant. Non seulement je ne sais plus si je peux à juste titre me qualifier de féministe, mais je n’ai aucune idée de ce que je peux faire à présent.

J’ai toujours eu l’impression qu’on pouvait qualifier une pensée de féministe lorsqu’elle mettait en évidence le système de domination entre les deux sexes qui avantage fortement les hommes. Mais la distinction qui semble pour plusieurs nécessaire entre proféministe et féministe me frappe fortement, me laissant pris dans un malheureux fort désir d’inaction.

J’ai toujours eu l’impression d’être féministe parce que je ne me suis pas contenté de commencer un blogue sur la parentalité mettant en évidence le problème de la distinction mère-père. J’agis dans la vie de tous les jours suivant mes valeurs et je sais que ces actes ont eu un impact sur les gens qui m’entourent. Je n’avais jamais réfléchi à l’idée que le simple fait d’avoir un blogue comme celui-ci pourrait être perçu comme une manière de me faire du capital symbolique sur le dos des luttes féministes — d’autant plus qu’en tant qu’homme, chaque acte ou chaque revendication qui devrait aller de soi devient un exploit en soi.

C’est ce constant couteau à double tranchant qui me trouble, malgré la nuance qui émerge de la pensée de Dupuis-Déri. Cette nuance se lit dans les stratégies qu’il énumère: pour chaque manière d’agir, il rappelle que celle-ci peut être perçue comme exactement le contraire de ce qu’on cherche à faire, puis propose une solution qui devrait pouvoir permettre de rétablir un certain équilibre ou une apparence de bonne volonté. Mais parfois voire souvent, une thèse et une antithèse ne font pas une synthèse.

Trois stratégies me semblent problématiques. Je ne dis pas que je suis en désaccord avec ces stratégies; j’ai seulement une assez grande réserve pour que ces stratégies m’incitent fortement à retourner dans cette tour d’ivoire universitaire pour grandement y réfléchir avant de pouvoir me prononcer.

La première, c’est celle qui énonce l’idée claire que la lutte des féministes est celle des femmes, pas celle de toute personne qui souhaite une situation égalitaire.

Laissons leur lutte aux féministes : toujours se rappeler que la lutte féministe est la lutte des femmes, et non la nôtre.
Attention : des féministes pourraient souhaiter que nous soyons plus actifs dans notre engagement politique, surtout que plusieurs proféministes se complaisent dans l’auto-culpabilisation et se réfugient dans l’apathie.

Dupuis-Déri suggère que l’implication féministe d’un homme soit celle d’un auxiliaire. Par exemple, lors d’un événement militant, il pourrait s’occuper des tâches traditionnellement féministes.

La seconde, c’est l’idée qu’on doive accepter d’être physiquement exclus d’événements non-mixtes. Elle me heurte grandement dans mes valeurs… mais que puis-je en comprendre? Depuis qu’on m’a à plusieurs reprises affirmé que la série télé Girls était représentative de la vraie vie, j’avoue ne plus comprendre grand-chose au monde qui nous entoure.

Girls_HBO_Poster

La troisième, c’est l’idée qu’on ne devrait pas attendre de se faire expliquer les choses. Celle qui dit à l’homme: va lire avant de te prononcer. Celle-ci me heurte profondément aussi en grande partie parce qu’elle brise tout le processus que je cherche à créer à travers ce que je fais dans à peu près toutes les sphères de ma vie: parler à mon fils pour lui expliquer quelque chose, enseigner à mes étudiants certaines choses qui résultent de mes recherches personnelles, synthétiser et critiquer certaines positions pour faire découvrir des auteurs ou des pensées à des gens qui ne s’y seraient pas traditionnellement intéressé. Je ressens dans ce reproche un répresseur de pensée: une manière d’empêcher de poser des questions (car, oui, on me l’a reproché) si on n’a pas lu telle ou telle auteure — parfois sans même nommer tout simplement quelles lectures seraient les plus éclairées sur la question; même si je suis toujours irrité de me faire répondre par une bibliographie plutôt que par une pensée articulée qui en fait usage.

Dans ce combat où chaque tir glisse rapidement vers un friendly fire, je ne sais plus trop si je dois faire quoique ce soit. Prochaine étape alors, faire ce que je fais de mieux: lire et réfléchir.

Did you like this article? Share it with your friends!

Tweet
Avatar

Written by Simon Dor

Je suis père de Laurent depuis le 4 juin 2012, doctorant en études cinématographiques et chargé de cours en études du jeu vidéo et en communication. J’ai fait ma maîtrise sur le jeu vidéo StarCraft: Brood War et je travaille sur l’histoire des jeux de stratégie en temps réel pour mon projet de doctorat. Je suis passionné de jeux vidéo (stratégie et jeux de rôle principalement), de cinéma, de hip-hop, de politique et de philosophie. J'écris aussi sur les jeux vidéo sur Parenthèse vidéoludique et suis sur Google+ et Twitter.

← L’étudiant entrepreneur, les bourses d’études et le congé parental
La fin de la vingtaine →

5 Responses to "Le privilégié et le féminisme"

  1. Avatar Sara dit :
    17 septembre 2014 à 21 h 11 min

    Tout d’abord, je dois me confesser : je n’ai pas lu l’article de Dupuis-Déri. Il me rebute un peu, et je n’ai pas besoin de me faire démotiver : je fais ça très bien toute seule, merci bien. Héhé 😉

    Mais quand je lis une phrase qui dit « Laissons leur lutte aux féministes : toujours se rappeler que la lutte féministe est la lutte des femmes, et non la nôtre. », ça me donne envie de crier. Je crois que je comprends ce qu’il veut dire (genre qu’une personne qui combat ses propres batailles en sort grandie), mais… Non. En fait, ce genre de propos, ça me donne carrément envie d’arrêter de me qualifier de féministe et de commencer à me qualifier plutôt de pro-égalitaire (ou quelque chose comme ça).

    Et en fait, c’est plutôt ça que je suis : pour l’égalité entre les hommes et les femmes, une égalité aussi juste que possible. Tsé, d’un côté ça me dérange beaucoup que les femmes soient considérées comme les personnes par défaut à s’occuper des enfants (je trouve ça loooourd!), mais de l’autre, je ne pense pas que ce soit réellement mieux que l’homme soit toujours la personne par défaut à s’occuper des travaux manuels dans la maison (quand le gars n’est pas manuel, ça doit être lourd aussi!). C’est sûr que l’homme a sûrement une coche de privilège de plus que la femme, mais selon moi, la solution, c’est de travailler ensemble pour que ce soit le plus égalitaire possible, pas de séparer le monde en deux et de dire aux gens : « Voici ta place, tiens-toi-y »!!! Ça, je trouve ça même plutôt proche du traitement infligé aux femmes il y a quelques décennies… Non, ce n’est vraiment pas une solution, selon moi!

    Pour ce qui est de dire qu’on ne devrait pas attendre de se faire expliquer les choses, c’est une idée qui va contre tout ce que j’ai toujours prôné. Pour moi, la curiosité, le fait de poser des questions, de s’intéresser aux choses, c’est une qualité. Personne ne peut avoir tout lu, et même des gens brillants peuvent avoir manqué un classique-qu’ils-auraient-don’-dû-découvrir-avant. Le but d’une conversation (vocale ou en ligne), pour moi, c’est de découvrir des choses, de partager des points de vue différents, d’échanger sur des sujets! Pourquoi est-ce qu’il faudrait qu’on ait tous lu les mêmes auteur(e)s? Ça n’a aucun sens…

    J’en suis même à me demander si Dupuis-Déri n’a pas écrit un texte sarcastique visant à souligner les problèmes du mouvement féministe…!

    Répondre
  2. Avatar Sara dit :
    25 septembre 2014 à 9 h 08 min

    Huh! On dirait presque que Emma Watson répond à tes interrogations! Enfin, c’est mon impression… 🙂
    https://www.youtube.com/watch?v=pTG1zcEJmxY

    Répondre
    1. Avatar Simon Dor dit :
      25 septembre 2014 à 15 h 22 min

      Pas des blagues, j’ai vraiment eu cette impression aussi. Le pire, je me disais que je me remettrais à écrire des choses qui s’inscrivent dans le féminisme uniquement lorsque j’aurai lu quelque part une femme qui revendique l’idée que les hommes peuvent être aussi féministes qu’elles. Et bam! J’étais loin de me douter que j’entendrais ça à l’ONU.

      Répondre
      1. Avatar Sara dit :
        26 septembre 2014 à 8 h 32 min

        Be careful what you wish for! Héhéhé…. Mais sérieusement, Simon, merci d’être là! Ton propos est rafraîchissant! 🙂

        Répondre
  3. Play like a Feminist de Shira Chess — Parenthèse vidéoludique dit :
    4 mai 2021 à 19 h 47 min

    […] y a je pense certaines « bonnes » raisons. Ma lecture d’un article de Francis Dupuis-Déri sur le « disempowerment » m’a remis longuement en question (avec raison) et m’a fait voir avec un œil plus […]

    Répondre

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Catégories

  • Accouchement
  • Allaitement
  • Design
  • Général
  • Genres
  • Histoire
  • Médias
  • Parents
  • Thèses
  • Vie quotidienne

Archives

  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • septembre 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014
  • janvier 2014
  • décembre 2013
  • novembre 2013
  • octobre 2013
  • septembre 2013
  • août 2013
  • juillet 2013
  • juin 2013

Introduction

Lire depuis le début
  • Notre premier article

En bref

Une vie entre paren(thèses), c’est le blogue de deux parents conjoints qui ont aussi en commun d’être étudiants au doctorat en même temps. L’idée est de pouvoir discuter des sujets concernant la parentalité avec les particularités et aléas de la vie d’étudiant.

Abonnement par courriel

Articles récents

  • Plus parents, moins thèses
  • Un nouveau chapitre
  • Mon petit homme a 3 ans
  • La partialité parentale expliquée par Normand Baillargeon
  • Un printemps tardif

Commentaires récents

  • Julie dans Auteurs
  • Virginie dans L’étudiant entrepreneur, les bourses d’études et le congé parental
  • Stéphanie dans L’étudiant entrepreneur, les bourses d’études et le congé parental
  • Égalité et uniformité: féminisme et Urbania — Parenthèse vidéoludique dans Égalité et uniformité: féminisme et Urbania
  • Girard dans Brève histoire de la frénotomie

Entourage

  • Bobby Grégoire
  • Feel O’Zof
  • Julie Ménard
  • Nanoarchitecture
  • Parenthèse vidéoludique
  • Sur les traces du constructivisme

Parents

  • Ce que j’ai dans le ventre
  • Chroniques d’une mère indigne
  • Découvrir la maternité
  • Émotions in vitro
  • Frank Bérubé
  • L’amour est patient… et nous aussi!
  • La semaine rose
  • La vie avec Laurent
  • Les (Z)’Imparfaites
  • Madame Chose
  • Maman a un plan
  • Maman Éprouvette
  • Mylen Vigneault
  • Paule Mackrous
  • Papa ne prêche pas
  • Simplement 2
  • Un gars un père
  • Véronique Martel

Communautés

  • CSPE-UdeM
  • CSPE-UQAM
  • Les Parents-étudiants du Québec

Méta

  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • Site de WordPress-FR

Étiquettes

#realmamalife Allaitement Anniversaire Argent Cadeaux Ce que j'ai dans le ventre Congé parental culpabilité Désordre Examen de synthèse famille Féminisme Fête des pères Garderie Gestion du temps grossesse Hip-hop Ibclc Jeux Olympiques Jeux vidéo Josée Bournival La Presse Le Devoir Maman Éprouvette Marianne Prairie Moscou Ménage Noël Paternité PFCE Photographie Rap français Rentrée Russie Sciences humaines Sentiment Sexisme ordinaire Simplement 2 StarCraft Université de Montréal UQAM web Écriture Éducation Égalité des sexes

© 2023 Une vie entre parenthèses. En-tête réalisé par Jean-Nicolas Pitre.

Powered by Esplanade Theme and WordPress