Services de garde: La fin du tarif… unique?
On apprend dans un article de Marco Bélair-Cirino dans Le Devoir ce matin que les tarifs en services de garde seront changés à partir du 1er avril prochain. Ainsi, une ère d’universalité des tarifs en garderie se termine.
Une part de moi ne peut s’empêcher de se dire… des tarifs universels? Depuis quand?
Quand Marie est tombée enceinte, nous nous sommes inscrits aux listes d’attente pour avoir une place en CPE. Nous n’avons bien sûr jamais reçu d’appel. Essentiellement, ça veut dire que nous ne payons pas ce fameux tarif unique. Ça veut dire que ce tarif n’est pas et n’a jamais été unique.
Il faut en effet déplorer que plutôt que de choisir d’améliorer un système comme celui des CPE, que de rendre accessible les services de garde (CPE ou non), le gouvernement ait choisi tout simplement d’augmenter les tarifs partout. L’avantage non-négligeable d’un tarif unique accessible pour tous les revenus, c’est qu’on paye à même les impôts ce que coûte l’envoi d’un enfant en garderie. Ainsi, tous peuvent avoir accès sans discrimination à un service de garde, et le choix d’avoir un enfant devient moins un fardeau financier et un frein à la carrière puisque même les non-parents y contribuent. La logique de l’utilisateur-payeur ici n’est tout simplement pas une bonne idée pour favoriser la parentalité et permettre aux parents (en particulier, historiquement, les mères) de ne pas avoir à choisir entre leur carrière ou leur famille.
Le problème, c’est l’accessibilité de ce tarif « accessible ». Selon un avis de la Commission de l’éducation préscolaire et de l’enseignement primaire (CEPEP) de 2012, en 2008-2009, 42,3% des enfants en situation de garde (CPE, garderies ou milieu familial) étaient en milieu familial (p. 19) — où, si les tarifs peuvent parfois être semblables aux CPE, ils sont modulés en fonction des revenus du ménage. Autrement dit, on déplore actuellement qu’une situation qui s’applique déjà à une grande part des familles (en admettant que les chiffres soient toujours semblables) s’appliquera dorénavant à tout le monde.
C’est comme si on créait un système d’écoles publiques sans avoir de places pour tout le monde; pour compenser, on déciderait de rembourser un montant aux familles qui doivent aller en écoles privées suivant leur revenu. Une différence de taille cependant: le service de garde n’est pas obligatoire, contrairement à l’école. Ce qui veut dire qu’une des solutions possibles, et parfois la plus simple, c’est de ne pas envoyer son enfant en garderie.
Et qui écope de cette décision: habituellement, le parent avec le moins haut salaire. Traditionnellement, la mère.
Image tirée de http://otakommunistes.forumperso.com/t357-topic-sur-les-bouliers
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